Je me suis promis vite
de n’y croire jamais à ces rodomontades
des origines, du sol, du sang
et des identités asthmatiques en quête
d’un vieux souffle pour dire un vide,
une fontaine éparpillée dans laquelle on patauge,
ces temps innocents des meurtres bienveillants,
des machettes et des fours,
de la bêtise et du sexe vengeur,
ce temps perdu à racler les fonds de terroir,
Je me suis promis de ne pas y être attaché
à l’origine de mes parents, géniteurs,
morts aujourd’hui et plus souvent avant,
à l’homme nu que je fus et vers qui je me tourne
chaque nuit dans la mesure du temps,
mon unique linceul,
j’écris sur la blancheur des refrains en mesure
du territoire des hommes
où je vais le plus souvent seul.
Un trou, un cratère, une sonde où je tombe,
l’origine est une chute sans fin,
des histoires bricolées de l’antérieur,
des bandages glacés sur des corps de paroles,
des récits protecteurs, ridicules, risibles,
papiers d’identité de piètre qualité
que nous tendons dans des présents féroces
frissonnants du bonheur des dindons de pays