Avant de voter
j'ai pensé à ma mère à la sienne
aux repas dans le silence
à la nuit soumise à la télévision
où la lune était belle
en noir et blanc et en musique
Avant de voter
j'ai fait une liste de ce que je voulais
et ne pouvais plus perdre
des phrases sans queue ni tête
des promesses en liasses
sous les sunligts en sang
Avant de voter
j'ai regardé la file où je vais
une nouvelle fois entre deux autres
hommes et femmes sombres
un autre plus loin appelle un ami
dans une langue de gorge
Avant de voter
mes mains ont tremblé si peu
je suis trop vieux pour que le corps
renâcle hésite ou se fâche
avant l'isoloir sans étourdissement
préalable aux dieux volatiles
Avant de voter
j'ai oublié un livre chez un ami
hier qui le sera peut-être encore
ce soir jusqu'à l'engouement funeste
mes enfants ont grandi des pantoufles
de fer aux pieds
Avant de voter
la femme que j'aime rira de moi
ce soir en disant c'est fini c'est fini
comme on fait aux enfants
enfiévrés et grincheux
mon chéri on va dormir
Avant de voter
je me conjure comme à Noël
à Pâques et à la Saint-Sylvestre
de ne plus m'inquiéter des migraines
du temps il en reste si peu
pour vivre encore encore juste
avant de voter.
Merci à Denis-Louis Coleaux dans http://denyslouiscolaux2.skynetblogs.be/archive/2017/05/02/les-chroniques-du-poisson-pilote-n-34-8724878.html
Avec un peu de recul, que retirer des présidentielles françaises ? La peste ne s'est pas imposée ? C'est vrai. Mais quelque chose de plus mémorable, c'est ce beau poème de Daniel Simon.