"Laëtitia ou la fin des hommes" d'Ivan Jablonka...J'ai lu ce livre en quelques heures. Il pourrait devenir un des livres pivots de toute réflexion sur la déshérence des hommes, la violence structurée à l'égard des femmes et des plus faibles. C'est un livre rigoureux et cathartique, sa lecture, du théâtre où on regarde la scène intime des peuples, renvoie la folie discursive des politiques à l'asile des obscurs. Car de quoi s'agit-il? Laetitia, 18 ans fut assassinée, découpée comme viande d'abattoir, répandue, niée. Et cela à tous les moments de sa vie était inscrit dans la constance du mépris général dont elle faisait l'objet, et des accompagnements sociaux qui tentaient de souffler sur la flamme mais la mèche était si courte...Elle baissait la tête, elle n'avait pas les mots face aux aboyeurs.
C'est aussi une réflexion sur la puissance morale du fait divers qui serait "à droite" ("Quoi? Tu lis ça, tu te goinfres de cela?...Alors que la gauche regarde au-delà des singuliers le grand Pluriel conceptuel...).
J'y ai lu un des nouveaux livres essentiels à propos de la barbarie permanente à l'encontre des femmes, de certaines femmes (harcèlement, injures, insultes, violences langagières, physiques, et puis on frappe et on tue.)
Bien sûr toute cette violence est hiérarchisée, chacun fait sa part, la religion, la loi, le politique, le père, la mère, le frère, l'inconnu, le malade, ...Bouleversant, et j'emploie ce mot avec réserve généralement...
A Huy, en cet avril lumineux, le Jeune Valentin, 18 ans, en ce qu'il représente de faible, de cible appropriée, vient d'être liquidé de façon atroce, comme une victime en expiation de la misère, de la cruauté, de la barbarie, de la lâcheté d'une jeunesse qui ose aujourd'hui, de plus en plus souvent, dans la médiocre furie fasciste des bandes, torturer, liquider, mettre à mort un des siens. Pour voir, pour bander un peu, pour vomir un peu, pour sous-vivre ce que nous ne leur avons pas appris à coups de fouets (j'insiste)que ne sont plus ni l'éducation ni le poids de la valeur humaine, ni l'estime de soi ou des autres.
Pas de souci. La loi est morte, il reste des tribunaux surpeuplés avec des juges qui bricolent ce qu'ils peuvent pour retenir la coulée du volcan allumé..
http://www.tdg.ch/culture/livres/Ivan-Jablonka-la-jeune-fille-et-la-mort/story/24742959