Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Comme la poule pond son oeuf journalier, le Net permet ce genre d'offrandes et, même si elles ne sont pas toujours fraîches, elles fabriquent le permafrost des archéologues numériques du futur immédiat.

Bien sûr, les activités du "réel" n'échappent pas à ces spasmes, plus personne ne peut ne pas publier, poster devant son livre, comme devant un nouveau-né encore frais; il s'agit de publier sans casser le rythme, on le sait les lecteurs et lectrices sont ailleurs, sur les terres du thriller, polar et autres tensions didactiques et attendues, mais qu'importe, il faut publier, sourire, se "vendre", repasser la soupe, à celles et ceux qui sont déjà rassasiés, alors, il faut cliquer, laisser une trace de son passage; ce sont les gestes simulacres de la débauche, rien ne compte, tout se succède sans réelle importance, une guerre parfois, une peste soudaine, la fin des temps le week-end prochain, mais rien de sérieux, hormis soi.

Les revues ont presque disparu, elles ne sont plus que secondaires, étiolées, semble-t-il, les livres les remplacent à la même cadence, la presse s'en fiche, elle sait que une telle ou un tel aura suffisamment de violences conjugales, matricielles, familiales, sociales ou religieuses à rapporter dans ce "parler-vrai" d'aujourd'hui, qui ne trompe que les kangourous arthritiques, que pour faire du papier, devenu buzz en langage primo-numérique...

Roland Barthes, dans les années soixante avait déjà souligné "qu'on " ne pouvait sortir sans s'échanger des cartons (d'invitations et ces petits rectangles nommés cartes de visite) et la ritournelle des sincérités d'à-propos tournait comme elle pouvait, dans la joie, aujourd'hui suspecte, des années Golden.

Ce qui est le plus drôle pour les futurs archéologues du néant, c'est de constater que les recherches dans les datas seront marquées de quelques rares mots, de plus en plus grossièrement enfilés, qui se vident chaque jour dans les foucades des libérateurs du monde et des réparatrices du genre.

Bouvard et Pécuchet sont les héros du monde moderne, de l'Amazone à Berlin, de Tombouctou à New-York. Seules quelques tyrannies semblent encore y échapper, ayant depuis des lustres perfectionné le succès du psittacisme des peuples.

 

Tag(s) : #Articles
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :