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Jouer encore jouer

Jouer encore jouer

le poème s'allège

dans la libre allusion de l'hiver 

au papier page rase neige

silence au deuil décomposé 

dans les pas des errants

des fantômes reviennent

des larmes sur les théâtres

accrochés aux balcons

des vestiges d'Europe

poètes du saccage

de la mise en berne

gardiens de guerre

tu vois la mer poète

arrivée jusqu'en bas

au pied de ta maison

poète au pied d'argile

poète dans l'apnée

de la honte le couteau

finement aiguisé le fil

que tu te passes au cou

la voix faiblit et se remplit

de l'extinction générale

poète creuse creuse

les avilissements

jusqu'au contrat de la patrie

creuse encore creuse

c'est le fond dis-tu le fond

qui manque le moins

le fond la trace empeste

les ancien incendies là

ça continue

ne commence jamais

jamais est le début

massacres anciens

dans l'ombre phréatique

des hommes disparus

l'ombre des errants

sur les flancs barbelés

d'Europe aux yeux baissés

sur ces flancs compassés

l'ombre des errants

la lumière s'éteint

où sommes-nous

où en sommes-nous ?

 

 

peinture: Mimenta de Evelyne Gerbaud

Tag(s) : #TEXTES
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