"...et cette littérature de remplacement encombrait, étouffait, rétrécissait le monde, cette littérature des simulacres, des poses littéraires, du style enjoué, sans écriture, rien que des phrases polies, cette littérature donc était la plus belle victoire de la démocratie floue, de la machine molle, de l'enchantement malingre, elle fleurissait dans des jardins d'alignement, les écoles englouties dans la peur, la peur de quoi?, de rien, de tout, des autres, de soi, la peur du silence et de la durée, cette littérature était entrée dans la culture en serres des lieux communs, des sentiments agités , des émotions furtives, cette littérature avait dévoré en quelques décennies virtuelles, la peur, l'engourdissement, la légèreté grave, le tragique nécessaire à l'homme pressé, cette littérature se fardait d'humanité, d'empathie, de mots que la grossièreté du temps avait transformés en coques vides, cette littérature avait eu la peau de l'homme crédule, elle s'occupait maintenant à le rendre inculte, inattentif et bruyant, elle machinait dans la bonté et l'ordre, la santé et le bonheur, elle maudissait la cave et les serpents entrelacés dans le coeur de chaque homme, elle proclamait l'oubli, le détournement et avait posé sur la vérité une dalle , lourde et sourde, la dalle de la sincérité".