Il y a dans le son de la voix la résonance d’une caisse, une caverne dans laquelle nous sommes et que nous entendons résonner de l’intérieur, comme l’écho d’un ailleurs qui est en soi.
Voix intérieure ou voix de l’intérieur ?
C’est l’oreille qui fait la différence.
Notre vie tout entière, nous voulons aller là, dans l’oreille de l’autre, peut-être pour mieux entendre ce que nous ne percevons, de nous, que confus, irradié, flottant. Là, le son du monde nous apparaîtrait plus clair, échappé à la scansion du sang qui brouille, qui englue toute écoute.
Voix du dedans, résonante, et qui fait vibrer le corps tout encombré d’organes. Voix du dedans habité de nous, sourds en nous, tendus hors de nous.
Cette voix court le long du sang, du souffle et de la peau, passe par les gorges, les escarpements, les barrages, les occlusions et arrive enfin dans l’oreille, dont une partie passe par la bouche.
Voix imaginaire, voix de représentation, voix rêvée ou crainte, passée par le tambour du crâne, le bec et les papilles…
Voix du dehors, voix que soudain nous entendons, arrêtée dans la mémoire du son, l’enregistrement, cet ailleurs que nous reconnaissons sans jamais y être allé.
Voix d’un autre qui s’éloigne de nous dès lors qu’elle se rapproche.
Voix du dehors, qui nous met hors de nous, à l’écart de la reconnaissance, voix de l’indisctinct qui se proclame, voix altérée par ce dehors qui emporte du dedans, voix d’expire et de silence que nous lui accordons.
Une adectote...
"Je suis à une caisse de supermarché" et une jeune caissière, débordée devant qui la file s'allonge, fait un appel micro...
-Quelle belle voix, vous avez, mademoiselle, une voix bien posée qui rassure...
-Merci Monsieur, ce n'est pas facile ce micro...
- On devait faire "The Voice" des appels Caisse, vous gagneriez!
(Rires)
-Vous savez, au début, j'avais le trac!
- Je n'en doute pas, mais c'est réussi!
Rires et bonne journée..."