Pour le Carnet et les Instants et Nausicaa Dewez
C'était le numéro 100 !
Le Carnet nous avait demandés d'écrire un texte dans lequel nous nous projetterions dans l'avenir.
La demande était simple et singulière
L'avenir était opaque, des éclaircies de lucidité me laissaient cependant entrevoir ce qui serait peut-être, et ce qui ne serait plus.
J'habitais place Flagey, au pied de la statue de Fernando Pessoa. Je m’asseyais là régulièrement sur le banc pour lire sous le regard de bronze du poète. J'écrivis donc mon texte en pensant à cet endroit précieux.
En quelques mots je racontais brièvement le récit d'un certain Daniel Simon, retrouvé mort, paisiblement assis sur ce banc, le dernier numéro du Carnet à la main.
Le texte fut publié et quelques jours plus tard, relevant mon répondeur téléphonique, je découvris un message qui me bouleversa.
Une dame d'un certain âge, à la voix tremblotante et chantante me disait « Monsieur Simon, je viens d'apprendre que vous êtes mort et pourtant je vous ai vu samedi à l'Hôtel de Ville, vous remettiez un prix au nom de la SACD… Ca a dû aller si vite ! »
Je ne savais que penser… « … dites-moi, voulez-vous bien me téléphoner si vous êtes vivant, j'espère que vous êtes vivant, merci de me le dire… »
La dame me laissait son numéro de téléphone et le soir nous parlions. Elle me dit sa joie d'entendre ma voix et moi de découvrir la sienne.
Cent numéros plus tard, je pense toujours à celle qui éclaira de façon magique l'avenir qu’on me demandait d’imaginer.
Je ne sais si je verrai le numéro 300 mais l'écho de cette voix m'accompagnera peut-être encore jusque-là.
Merci au Carnet pour ce petit miracle.
octobre 2018