Libre parfois soudain
on ne sait d'où ça vient
cette joie si longtemps enfermée
dans la roche de nos morts
sans noms ni lignées
Libre d'un coup
on s'aperçoit que c'est là
comme un chardon soyeux
vous saisit la cheville
et remonte jusqu'au coeur
Libre enfin le mot est dit
les morts anciens s'apaisent
dans la langue et le fruit
où l'humide conduit
de la veine aboutit
Libre peut-être en lisant
le poète nouveau né
les charmes des vieux usages
dans la voix étrangère
des nomades aux engelures
Libre dans ce chaos nouveau
le chardon a mordu d'un seul croc
la cheville éblouie
de l'homme sans attention
sans pain et sans maison.