Ce qui est "utile" en littérature, c'est de retrouver le son de la vérité des êtres, corrompus ou autres, salauds ou autres, ça sonne toujours plus juste que les cris d'orfraie de la garde morale offusquée de constater que le Bidule ne fonctionne plus alors qu'il en faisaient partie à bien des niveaux.
Ca se passe toujours comme ça, certains vont jusqu'à tondre les unes, à fusiller les autres en dernière minute, à pratiquer des listes noires, à perdre la mémoire, à beugler leur bonne foi.
Je dois dire que lorsque je parle de littérature, je ne parle évidemment pas de l'édition qui fournit avec plein succès son lot de pleurnicheries.
(Re)lire Kundera qui nous écrivait des lettres qui n'arrivent manifestement plus. Mais les lettres demeurent et ce n'est pas une "plaisanterie"
« Oui, j’y voyais clair soudain: la plupart des gens s’adonnent au mirage d’une double croyance: ils croient à la pérennité de la mémoire (des hommes, des choses, des actes, des nations) et a la possibilité de réparer (des actes, des erreurs, des péchés, des torts).
L’une est aussi fausse que l’autre.
La vérité se situe juste à l’opposé: tout sera oublié et rien ne sera réparé.
Le rôle de la réparation (et par la vengeance et par le pardon) sera tenu par l’oubli.
Personne ne réparera les torts commis, mais tous les torts seront oubliés. »
("La plaisanterie")
Je pourrais ajouter que Heiner Müller, le dramaturge allemand, a fondé une grosse partie de son oeuvre sur la question de ces "oublis" historiques...