"Dormir sur l'image incomplète
pas la peine de tout quitter"
De l'Italie nous entendons souvent des voix nous annoncer la fin et le recommencement, la tragédie des dieux morts et le goût vif des hommes pour la vie en suspension dans ce que nous appelons le temps. La vie, la vitalité, l'anima, la joie. Rio Di Maria est de ceux-là. Poète rare et constant. Une langue travaillée au fil du temps dans cette arche poétique qu'il vivifie de sa généreuse présence, la Maison de la Poésie d'Amay.
Dans "Rackets du temps", son dernier recueil en date, Rio Di Maria a le souvenir de "la bouche chaude de la foudre" et nous confie que "le poème ne trangresse rien il est". L'auteur pose, dépose, repose toutes ces figures du vivant qui font la fuite du temp en un livre singulièrement attachant. Un viatique, une goulée de cet amour de la vie qui a si difficilement place dans le coeur échaudé des hommes.
Sa langue s'est affinée en mille poèmes certainement, six recueils en témoignent. Rare donc. Constant? Il fait écho de livre en livre à des attachements qu'il nous délivre sans fausse pudeur littéraire. Il dit la ferveur de l'amitié, de l'amour, du féminin si présent mais aussi l'intranquillité qui nous fonde dans ce temps émietté que nous soufflons un jour sur l'image que nous composions avec le monde. Figurants sublimes, voilà une pâart de notre humanité.
L'auteur porte "Matin au bout de la langue" et cueille ce qui germe dans l'instant de ce jour qui l'habite. "De bout de nuit à ramasse-minuit / redouter les néons de la cité" et voilà la boucle du temps qui déclare son racket, sa mise sous séquestre.
L'infini est menotté et le poème parfois nous délivre. Mais ce racket, n'est-ce pas aussi le temps, porteur d'un loup, qui avance dans l'ombre des façades et, à l'angle d'une rue borgne, nous saisit à la gorge?
Rio Di Maria a le coeur grave et le sourire aux lèvres, une forme de consentement l'habite, que l'écriture révèle entre chuchotements et aphorismes, célébrations de l'aube et exils dans la nuit.
Rio Di Maria, Rackets du temps, Amay, L’Arbre à paroles, 2014, 128 p., 12 euros.