Les objets simulacres m'intéressent au plus haut point, ils sont le punctum de la représentation qui efface ce que nous appelons le réel. Les émotions, les sentiments, les pensées simulacres ont également débarqué dans ce Musée des illusions (sous la forme comportementaliste par exemple, des "scénarios" de conversations, des références Internet complotistes ou Hoaxs, des fragments de textes employés et pas cités, des effacements ou remplacements d'images de parties de corps, de sons, de leurres...). Ces simulacres sont la donne, la base même du "vivre-ensemble", c'est-à-dire un appareil de clichés, de lieux communs qui enferment dans des images et comportements attendus et donc acceptables et supportables.
La littérature et le roman en particulier avaient cette mission secrète de déverrouiller ces serrures factices et terriblement plombées. Peu à peu, le roman est entré lui aussi dans la théorie des objets factices et des simulacres de littérature qui n'ont plus comme fonction kitsch que de faire les "girls" de l'édition littéraire.
Ces leurres littéraires foisonnent puisque le "chacun pour soi" a été déclaré, que la critique globalement hésite à assassiner ce qui rôde dans le nuisible et la saleté stylistiques au nom d'une sorte de boursouflure, d'un oedème démocratique.
Surtout laisser pulluler jusqu'à puruler le tissu littéraire qui n'existe plus aujourd'hui que comme souvenir vintage. La confusion régulière de ceux qui ne lisent pas de littérature est d'affirmer qu'ON lit aujourd'hui beaucoup etc...Discours navrant et trop connu.
L'auto-édition, l'indifférenciation faite entre comptes d'auteurs et comptes d'éditeurs dans des institutions bancales (Association des Ecrivains Belges, nombre de bibliothèques, éditeurs margoulins, associations confondant livres de promotion, de propagande et littérature (des auteurs sont convoqués régulièrement à ces exercices de simulacres sous de plates fictions enthousiastes), foires et salons du livre melting-pot et salsa, ...).
La fiction fout le camp, le réel s'impose, sous des formes d'auto-fictions, d'auto-réalités, de confessions,...Une Fatwa vient tous les trente ans rappeler que des représentants d'un monde hors du roman et dans la haine de la fiction lui accordent donc une importance majeure, blasphématoire. Nous en sommes loin en Occident. Le théâtre raccole le réel sans cesse et tente de le rendre même interactif. Il se cherche une sorte de légitimité "citoyenne". Risible.
Cette diffusion en boucles des mêmes séries à peine fictionnalisées, le succès des Biopics, la littérature fleur bleue des Présidents et autres Caciques participent de cet éloignement permanent de l'objet littéraire et de la mise en scène de son simulacre absolu, le mensonge d'Etat, l'obscénité médiatique, la manipulation génétique et numérique, les Droits de l'Homme dans leur dernière parade et la réalité virtuelle comme champs de batailles des corps et des esprits.
Le Refus, le Recours aux forêts (E. Junger), l'artisanat hors diffusion et distribution, sont à nouveau des pistes vers les Cabanes de la réflexion, de la mise à nu, du retrait et de la fabrique d'un élixir nouveau qui aurait peut-être encore le nom de littérature.