Au Burundi, des enfants sont emprisonnés pour avoir gribouillé sur le visage de leur cher Président tri-mandat dans un manuel scolaire. Dans l'article de Libération (1), les enfants ont entre 14 et 18 ans. S'ils avaient lancé des pierres, ce serait des jeunes, des grenades, des jeunes adultes ou des terroristes.
A Mollenbeeek, deux voitures de police incendiées et un jeune de 18 ans est interpellé. Il aurait 16 ans, ce serait dans ce cas un enfant ?
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Des jeunes, des jeunes adultes jettent il y a quelques mois des morceaux de béton du haut d'un pont d'autoroute sur un camion qui passait. Un mort. Le journaliste parlait d'enfants.
Enceinte à 14 ans, elle est accueillie dans un centre pour jeunes en situations d'urgence puis conduite dans une Maison pour mères mineures. Est-elle une enfant au moment où elle copule, au moment où elle accouche ou au moment ou elle tient son bébé dans ses bras? Est-elle une jeune fille, une jeune femme, une jeune, et quand ?
Il tente de tuer son père, il a 22 ans et la presse le nomme en tant que jeune homme. Il aurait eu 18 ans, ce serait simplement un jeune?
Ils ont 10 ans, vivent, et meurent souvent, l'arme à la main, ce sont des enfants soldats.
Ils ont 8 à 10 ans en 1900 dans les mines de Belgique et du Nord, ce sont desgalibots (qui poussent les charriots et rampent dans de très petites tailles) .
L'enfance, son statut, son état, ses droits, ses "usages" varient en fonction de la natalité, la mortalité infantile, la relation de l'homme à la mort, de la naissance de la Révolution industrielle, de la maîtrise de la fécondité, des récits qui la représentent,...(2)
Les historiens, sociologues, chercheurs en sciences humaines datent la naissance de l'adolescence au 18è et 19è siècles. Certains vont jusqu'à ne la reconnaître qu'après la deuxième guerre mondiale. Ce serait alors le phénomène "jeunesse".
Il y a aujourd'hui les jeunes enfants ("la petite enfance"), les enfants, les jeunes, les jeunes adultes, les adultes...Personne ne peut plus se représenter ce que representent ces termes et ce qu'ils recouvrent communément.
Un usage politique simpliste est régulièrement le fait de la presse, des avocats, des travailleurs sociaux qui nuancent ou abusent d'un terme ou de l'autre en fonction de la tendance de l'article, de la stratégie sociale, de la victimisation ou de la diabolisation en cours.
Cela varie d'une latitude à l'autre avec les mêmes intérêts. Des sociétés qui ne savent plus nommer les âges des humains sont probablement des sociétés qui ne font plus confiance au langage mais uniquement aux faits, aux jugements, aux effets médiatiques, aux comportements des tendances, sans les garantir dans un terme et un usage communs.
La langue est jouée en Bourse, la Bourse des valeurs.