Dans la nuit, des cornes d'ambulance, des sonneries d'alarmes de voiture mal embouchées, des pompiers qui passent au loin, deux soulards dans une langue que je ne comprendrai jamais tant ça gueule en vomissant le monde, la police qui aboie des annonces rageuses au micro, deux chats en pleins travaux de printemps et soudain, le silence, comme si ça allait exploser, les trois secondes du film devant la bombe à désamorcer où même la musique s'arrête, un silence sans histoire, sans statut, sans raison, un silence de mort ou d'abandon, un silence si profond que la ville disparaît, s'évapore à l'instant; ne reste que moi, vous, dans une apnée délicieuse à laquelle on s'abandonne enfin dans le sommeil qui vient de tout effacer.