Je suis un renard à trois pattes
me suis hier doucement
laissé mourir le corps
coupé au couteau usé
émoussée la lame mais
ça tranche encore
et ces hommes en moi
toutes ces vies enchenillées
s'envolent dans le temps
des papillons à l'horizon
où je ne vais plus avec
la confiance de l'enfant
peut-être un autre plus ancien
se construit en moi
à chaque mort répétée
enfant offert aux affamés
d'amour ils disent
petit corps informe du début
cougnou cougnolle cougarou
que l'on dévore en grandissant
comme le renard sa patte
pour s'échapper du piège
et aller sous l'abri
lécher la plaie
la blessure nécessaire
à la course
du renard
à trois pattes.