Une journaliste belge il y a quelques années, rappelait dans un commentaires du célèbre "Concours" musical que la Reine Elisabeth était la Reine d'Angleterre. C'est passé aux profits et pertes des erreurs humaines de l'inculture.
Yves Leterme, Premier Ministre, répondant à un journaliste, en sortant de Saint-Michel et Gudule qui lui demandait de chanter le début de l'hymne national belge et qui en entonne la Marseillaise avec le sourire, c'est une caméra cachée.
Des journalistes français, américains, syldaves plaçant Bruxelles en Flandres près de la Mer du Nord, situant Verviers loin à l'Est ne sont que des broutilles de la mondialisation des informations-matons.
Une journaliste au JT de 20h annonçant la chute du Roi Albert 2 qui "s'est cassé le col de l'utérus", ce n'est qu'un flou géographique en somme, un lapsus du col.
Une équipe de la RTBF qui fait disparaître la Belgique un soir d'été, lors d'une émission devenue célèbre et provoque comme Wells, dans son historique émission radio "La Guerre des Mondes", mais de façon heureusement moins dramatique, une panique générale, c'est du spectacle-réalité dans la niche de l'information.
Des citoyens qui seraient bien en mal de répondre à la question de "C'est quoi la Belgique?", il y en a mille et cent.
La Maison du Roi qui se trompe deux fois dans ces faire-part de condoléances en annonçant d'abord le décès de la Reine Paola puis celui du Roi Fabiola, c'est la norme, semble-t-il.
Où suis-je, dans quel Etat j'erre?
Je ne parlerai pas ici des divagations littéraires sur la "belgitude", le pays en creux et la Belgique "malgré tout" (années 70, Pierre Mertens et Jacques Sojcher), l'abus hystérique du terme "décalé" devenu le plus convenu des qualificatifs signifiant un "xième" degré" justifiant tout (d'abord le degré zéro), je n'évoquerai pas l'histoire dépressive d'une forme de cinéma belge, l'idolâtrie du "Zinneke" comme héros national, bref, toutes positions sympathiques, fortes même, et qui véhiculent en permanence l'idée d'une absence de territoire, un point de vue flou, une sorte de pierre ponce flottante à la surface des déclarations, interrogations, stupéfactions...
Je ne m'étendrai pas sur les déclarations enflées, insultantes, obscènes, déplacées que pratique le marigot politique dans son obsession du "buzz" et sa maladie de l'apparition permanente (qui est la meilleure façon d'user la machine, nous le savons)...
Je citerai simplement Alfred Jarry et son exergue à son célèbre UBU, "La scène se passe en Pologne, c'est-à-dire, nulle part". Quand on regarde l'histoire en accordéon des frontières polonaises, on comprend mieux la réflexion de Jarry. Quand on entend parler la Belgique, on comprend Jarry encore plus clairement.
En ce qui concerne la Belgique justement, il me semble que nous assistons à une des premières performances nationales avec la consigne, "Un mot pour un autre", le texte de Jean Tardieu,. C'est une expérience forte, complexifiée par l'usage officiel de trois langues et d'une vingtaine de type vernaculaire...
Cette performance est passée maintenant au niveau des plus hautes Institutions et nous pourrions assister prochainement à des tournois particulièrement roboratifs...Les trois niveaux de Pouvoirs ne se privent pas de nous jouer en permanece le mélodrame de la dignité bafouée!
Rappelons enfin que nous sommes gratifiés d'un Poète national pour nous engranger tout ça et qu'"En avant, y a pas d'avance" n'est pas une déclaration d'Eddy Merck à son peloton mais bien d'Achille Chavée qui aurait adoré ces pannes à répétitions.
PS: J'invite à la lecture du livre de Serge Joncour, "L'écrivain national" et surtout celles et ceux qui se sentent des velléités en ce domaine...Belles lectures.
http://www.faviertheatre.fr/Atelier/textes/tardieu/Un%20mot.pdf
http://www.epistemocritique.org/IMG/pdf/Cape-tardieu.pdf
http://fr.euronews.com/2014/07/12/au-chili-hommage-a-neruda-poete-national/