Des nuits de rêves, de cauchemars, de visions, d'éclats, de tumultes
et l'on se tend vers l'aube épuisé de quitter le ring des sommeils douloureux,
tes bras, seuls, en barrage contre l'inusable, l'élongation du temps,
tes bras de lait, de soie et de taffetas, tes bras de talc et de parfums, tes bras
d'étouffement et d'étranglement joyeux, tes bras humides et chauds dans le combat,
tes bras sanglés de bijoux et de cuir, tes bras dépliés comme une ville ouverte,
tes bras en remparts contre la fin de tout et de chacun, tes bras suffisent, tes bras
sont un cerceau qui tourne sur l'azur, roule vers l'horizon et m'entaîne hors d'ici, de moi,`
de la nuit et du jour, tes bras auraient pu, pouvaient, ne peuvent plus,
les digues ont cédé, les terres immergées et nous allons si nus dans de telles errances,
trop enlacés encore à des bras de vestiges, de ruines et d'illusions
qu'il nous faut le sommeil et l'arche d'un poème, un temps pris sur le temps,
de la durée façonnée à la main en nappe sur la table
où le cahier repose à côté du crayon.