C'était la nuit et je n'avais pas peur,
c'était le jour et j'étais un guerrier,
un enfant oublieux des terreurs anciennes,
certain d'aller si loin que je disparaitrais
de la vue de tous dans des terres inconnues
que je voyais en moi, les années ont passé,
le monde a rétréci et le temps s'est joué
des exploits inachevés, des océans vaincus,
des féroces combats perdus bien plus souvent
que je n'avais prévu au fond de mon grenier`
quand je lisais le soir mon destin héroïque
dans des livres d'images, j'ai ramené des voiles,
ralenti la cadence, changé de cap souvent,
me suis noyé encore, encore, au plus profond souvent,
j'ai ouvert tant de livres, vécu avec des hommes
chargés comme des mules des chagrins de toujours,
des joies libres comme l'air,
un matin, enfin, je me réveille enfin,
en moi, les autres sont entrés,
y ont fait leurs quartiers,
découvert le grenier et mes livres précieux,
cela ne pèse plus, le monde est plus léger,
le guerrier a vieilli, son armure a rouillé
et le visage nu, il va,
sur des sentiers nouveaux,
pas à pas,
vers la grande forêt.