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"Il avait appris avec le temps à couper, trancher, arracher toutes ces pages inertes et répétées inlassablement par les âmes mortes de la littérature. Des femmes et des hommes, inlassablement, dans le vertige du vide, écrivaient et publiaient à coups de pieds des pages d'une stupidité que l'on.ne pouvait nommer. C'était la règle. Chacun attendait son tour, chacune se délivrait des mornes silences de l'ennui. La machine tournait, la bêtise ne se retenait plus, la jubilation couvrait ces talents de souris.
Mais il aimait l'idée que l'on puisse encore et encore noircir des pages à longueur d'écran comme ça pour rien, pour du beurre, il aimait ces forçats sans allant il en faisait partie souvent mais ça ne l'empêchait pas de voir ces coulis de mièvreries bâclées avec le regard d'un surineur de quartier.
Il avait fait relier ces pages éclatantes pour constituer une bibliothèque du purgatoire, comme il disait.
Elle couvrait les murs de son appartement. Quand un nouveau tortionnaire lui confiait ses ambitions il lui faisait visiter sa bibliothèque et l'invitait à emporter l'un ou l'autre ouvrage.
Souvent il n'entendait plus parler de la princesse des sonnets ou de l'artisan des narrations répulsives. Et c'était bien.
Il ouvrait alors un registre où il notait soigneusement les suicides ou dépressions qu'on lui rapportait.
Quand il fut enfin très vieux, presque sourd et aveugle, il reçut un prix, une sorte de reconnaissance ultime, celle de la Faculté.
Il ne sut jamais laquelle. "

nnes
 
 
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