Ephémérides du Confinement/9
On ne sait quand le jour se lève pour qui il se couchera une dernière fois et en nous, dans une légère fibrillation, au moment où l'on se réveille enfin, tout se remet en place, on pose le pied au sol et on va.
Antonio Tabucchi a publié il y a vingt-cinq ans un petit livre autour de la figure du poète Pessoa et de ses hétéronymes (1), les figures démultipliées du poète lisboète, "Les trois derniers jours de Fernando Pessoa - Un délire". Les rêves, les visites du poète à ses doubles, les rencontres mystérieuses et secrètes habitent cet opuscule de l'auteur italien "D'une malle pleine de gens".
La mort va et vient entre ces pages lumineuses, où un chapitre, "Je n'ai parlé que du temps qui passe", sonne comme le coeur de l'oeuvre de l'auteur du "Livre de l'intranquillité". J'allais tenter de rendre compte ici de cet éblouissement que fut pour moi la découverte du poète de la disparition.
Et soudain, j'apprends la disparition d'un homme cher, poète, ami des poètes et des hommes, Rio di Maria.
Né en 1946, disparu hier, 23 mars d'une crise cardiaque. D'un coup le temps s'immobilise .
Une fois encore.
Daniel Fano, s'en était allé le 30 octobre 2019.
Deux amis disparus, deux poètes, si différents et cependant reliés par une fine présence au monde.
Il va falloir se défaire
de cette habitude singulière
rédiger des tables de matière
alors que le livre n'est pas encore fermé
se distraire de cette façon de clôturer sans fin
écrire et lire
embrasser le poète en respirant si fort
que l'air en est tout ragaillardi
remué et si vif
qu'il pique encore aux yeux.
Bon voyage cher Rio.
MERCI Olivier Terwagne, talent, amitié et tout le reste...qui nous manque si souvent.
(un texte parlé-chanté par Olivier en hommage à Rio di Maria)
1. http://revuepostures.com/fr/articles/reguer-26
2. https://le-carnet-et-les-instants.net/2020/03/24/rio-di-maria-deces/