L’air ne suffit plus, de l’eau, en lui, dedans, dehors, jusqu’à la gorge, la luette plongée, le voile embué, les papilles fondues et la boule qui gonfle, l’air enchevêtré à l’eau, tout enfourné de mots fondus dans la masse liquide qui le tient dans la matière, encombré de vestiges anciens, vagues retournées au centre du vocabulaire, marées rageuses au solstice des colère, l’air ne suffit plus, la bave parfois, écume, morve et liqueur sans pareil, salive sémantique en vernis sur la langue, fouillis du foutre éperdument perdu, fange somptueuse au profond des muqueuses, inondation vagale au tréfonds des endroits où la basse effusion des lymphes et du sang mort porte le pantelant au profond des abysses, l’air ne suffit pas, dans l’endroit où il fond au fronton des angoisses, le verbe alors suffit à reprendre le souffle abandonné un temps dans l’expire de la langue, la fonte se meut alors en un souple arrachement au poids des chairs lesté de tant d’anomalies, il y a du vent, des orages majeurs, des ondes de silence, de tout si resserré en lui que cette bulle froide enfermée dans le cœur se dissout un instant en manière de secousses, balayage du centre et ordalies d’organes, vestiges de la meute ancienne qui l’instaura un jour dans l’ordre des vivants, dans des coulis de lave au portes des eaux claires, l’air ne suffit plus, vaste plaine en lui remémorée dans le bref instant d’un inspire, l’eau a déjà mis son sceau aux entrées bronchiales, laissé tomber l’écluse entre les temps, fondu l’avant et le présent en un spasme léger, tout enrobé de choses qu’il fait bon d’oublier en cet endroit précieux des sommeils infinis, suspendu dans le flot des années passées, des vertus inutiles et des chagrins retors, la flèche enfin lancée dans un ciel azuré que rien ne peut atteindre, ni le fer, ni le froid, ni l’amertume grise des hommes sans destin, la voûte est indomptable en des secrets majeurs et nous allons pressés de nous vider d’ici, de nous remplir de là, d’empiéter sur notre ombre et l’air ne suffit pas, le vague espoir encore de renouer des forces continue son travail, le mitan est atteint, la ligne dépassée, la douane surpayée et dans un poumon vide le monde reprend place, sème des azalées, épanche son humeur par les baies entrouvertes d’une vie sans fin surprise dans ses ébats, l’air ne suffit pas, la parole vient toujours au secours des vivants qui se mêlent un jour de plonger tout au fond.