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Mon robot, mon amour !
Stéphane MANSYLe grand remplacement, Le Cerisier, 2017, 58 p., 8,50 €, ISBN : 978-2872672080

Le grand remplacement de Stéphane Mansy vient d’être crée au Studio-théâtre de la Louvière dans une mise en scène de l’auteur. Et comme toujours avec le théâtre au cœur des « effets indésirables » du monde, on recycle des mythes! Ceux des androïdes, des robots intelligents, des « aliens » issus d’une humanité qui s’emploie depuis des millénaires à se « remplacer »… Que ce soient les figures baroques des automates, Frankenstein, … la question de l’invasion intérieure des humains par ses créatures est un thème éternel. La pièce a touché un public de plus en plus intriqué dans des applications technologiques qui constituent aussi un rapport d’amour-haine au numérique et à ses suites.

Contre-propagande, rhétorique militante, visions d’un avenir attendu dont nous avons souvent tous les ingrédients sous les yeux, plaidoyer contre les fatigués du siècle, pièce ironique et théâtre–action tout à la fois, Le grand remplacement de Stéphane Mansy détourne la théorie alarmiste et complotiste soutenue par une certaine extrême-droite française (et notamment les écrivains Renaud Camus, Richard Millet,…). Non, ce ne seront pas les migrants du Sud qui vont lentement mais assurément, prétendent-ils, remplacer la population blanche européenne mais bien les… robots.

La technologie, la « servitude volontaire » des utilisateurs, le lisse consentement des bénéficiaires de l’âge numérique et robotique se trouvent rassemblés dans une pièce développée en plusieurs situations (bureau, amis, …). Bien sûr la technologie emprisonne alors que la technique libérait, bien sûr, cet androïde nouveau (thème de la SF des années 50) que représente le robot amélioré en quotient d’émotion et d’empathie est annoncé comme le prochain « partenaire » humain (à côté des clonages et cie).  Les industries se confrontent déjà à la une nouvelle Révolution post-industrielle qui fracassera la plupart des anciens emplois. Stéphane Mansy sonde littéralement dans ses répliques cette future société.

Bien sûr les familles, les « gens », déjà aujourd’hui semblent confondre avec délectation vie privée et publique, surexposent leurs enfants sur tous les écrans des réseaux, se répandent en indignations et passions dont la fonction est l’agitation mentale des acteurs d’un monde de plus en plus fluide. Bien sûr des résistances ont lieu, bien sûr des consciences se mobilisent, des recherches sont lancées, mais quand le train fut inventé, rien ne l’arrêta…

Le grand remplacement se lit aussi comme une pièce sur l’état de stagnation des imaginations. La partie et la contrepartie se jouent dans le même cadre. Le monde numérique et robotique est un monde sur mode binaire et le langage même se réduit dans ce flux sans  nuances.

La verve de l’auteur s’emploie à faire parler ce « meilleur des mondes », celui que certains nous annoncent comme inéluctable. Quoique…

Daniel Simon

https://le-carnet-et-les-instants.net/2018/05/02/mansy-le-grand-remplacement/#more-20413

Tag(s) : #Articles
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