Martine GENGOUX, Pas simple de s’appeler Violette avec un profil de baobab, Ed. De L’Aube, 2017, 236 p., 17, 90€/ePub : 14.99 €, ISBN : 978-2-8159-2163-3
Il y a des romans où la réponse à cette question se construit dans l’ombre des hommes effacés par la terrible gomme de l’Histoire, drame, tragédie, méditations. D’autres choisissent les voies plus aériennes du bonheur ou de ce qui tente de lui ressembler à force de répétitions et d’application. Les hommes sont si malhabiles dans le bonheur et si magnifiques dans la joie de sa reconstruction…
Martine Gengoux publie, avec Pas simple de s’appeler Violette avec un profil de baobab, un premier roman au titre farfelu et à l’énergie soutenue. Sous ces apparentes fantaisies, l’auteur renoue avec cette sorte de musique que l’on prête eux chansons qui rassemblent une époque.
Violette marche sur un pied, elle vient de perdre son travail dans la blanchisserie qui l’employait, vit avec un cochon d’Inde, collectionne des puzzles infernaux et semble être particulièrement peu outillée pour vivre de grandes passions.
Mais un jour, sa sœur l’invite, pour lui présenter son nouveau fiancé (quelle idée !). À l’Hôtel de la plage que possède la famille de ce nouveau beau-frère, elle commence une vie où le tourbillon remplace la disparition névrotique qui allait être la sienne. Elle fait rebondir le monde, les rencontres accélèrent le roman, les personnages sonnent juste, la vie est une comédie dont nous ne connaissons pas la mise en scène alors que nous jouons.
Le roman emporte ce temps qui passe dans des rites d’apaisement et l’espièglerie l’emporte sur la dilution des âmes. Dans un style souple, attentif aux fibrillations du temps, sensuel, l’auteur réussit ici une sorte de joyeux roman d’apprentissage dans le son des rocks des années soixante. Les personnages sont subtilement campés, leurs rencontres dépliées dans le récit avec le recul d’un humour narratif bienvenu et le charme opère. La chanson ne nous quitte pas…Les manigances de l’amour, ses tortueuses impasses, les pétards mouillés, les cœurs flambés, tout entre d’un coup dans la vie de Violette qui semble bien représenter une des figures de la femme de notre temps.
Martin Gengoux écrit par ailleurs des articles, des nouvelles, anime des ateliers d’écriture et semble avoir trouvé sa voie dans ce roman aux échos mélancoliques qu’elle ne confond pas avec cette molle tendresse des romans sans poison.
Daniel Simon