Subtil Chatwin.
Il y a un tel air, une telle vivacité d'esprit et de respiration dans Chatwin, que nombre d'autres auteurs prudemment honorifiques, le coeur et l'âme sur la main qu'on se demande avec quoi ils écrivent (!), et sans le tohu-bohu "I'm a poet!" des salons dégingandés des âmes pures, semblent fades et légèrement ressassés.
C'était un coquin, un courseur de mythes, un coureur de savanes et de déserts, un conteur sans le sourire niais et la main tendue vers l'horizon (du projecteur) de "certains néo-conteurs" qui redécouvrent l'eau chaude en faisant du tiède. Un de mes projets en cours à ce propos "De l'art d'ennuyer son monde en racontant des histoires"...
Chatwin a écrit sur le monde nomade et ça m'étonne que les francophones ne le citent pas plus souvent dans leurs "réflexions" sur gens du voyage, nomades, réfugiés, exodes et cie...
Il haïssait le tourisme comme la peste, soyons bien d'accord. Le tourisme de lemmings, de masse est une des fa(r)ces cyniques et vulgaires du temps.
Chatwin:un enchantement devant la simplicité apparente des récits (cf. Marco Polo et les Grands récits de voyage, Mendes Pinto,...) alors que l'entrelacement des échos préhistoriques des lieux et la sauvagerie de l'époque ne cessent de filer des récits comme la quenouille infinie de Pénélope filait la laine qu'elle tissait le jour et défaisait la nuit. Un entremêlement enchanteur pour accompagner Ulysse...