Il fait irrespirable dans le tram bondé

Il fait irrespirable dans le tram bondé. Le soleil surchauffe et les passagers sont nerveux. J'ai pris un long parcours qui me fait traverser Bruxelles. Je m'accroche à la hampe solidement en raison du tangage qui jette régulièrement un paquet de voyageurs contre un autre. Les Smartphones tressautent dans les mains libres, les converstions se croisent, se heurtent, se disloquent à chaque à-coup. C'est Babel sans la clim.

"Missiou, vous voulez vous asseoir?". Une voix de petite fille traverse le brouhaha. "Missiou..." Je regarde autour de moi, regards baissés, soupirs, cris d'enfants. Elle se penche vers moi en faisant un léger signe de la main. Une jeune fille en hijab, toute emballée de noir, me regarde avec des yeux doux. "Missiou, vous voulez vous asseoir?".

Je frissonne, un étrange sentiment m'envahit à l'intant, cette jeune fille enveloppée dans ce tissu forteresse fait un léger mouvement m'indiquant qu'elle veut me céder sa place. Je suis bouleversé. C'est la première fois qu'on m'offre sa place dans le tram et un gong imperceptible sonne dans ma tête. Cette jeune femme, l'air de rien, vient de me remettre à ma place véritable, celle de l'incertitude. Je lui réponds dans un grand sourire et suffisamment haut pour que chacun l'entende " Merci mademoiselle, vous êtes très aimable, merci, je vous en prie, je suis bien ici." Et elle sourit avant de baisser la tête en regardant ses pieds.

Je descends avant elle et lui lance encore un "Grand merci pour votre attention!". Son sourire doit être celui des anges.