A la lisière c'était calme
un livre ouvert un souffle
tourne les pages sous la lune
dans ses ablutions de brume
des lucioles nichent
dans l'ombre
par-dessus les toits
j'imagine des enfants
dormir sous les tuiles fraiches
une femme glisser sa main
sur ce monde saisi
par l'encolure du sommeil
la rosée ferme le livre
d'un coup sec.
Plus loin c'était un gouffre
où dévale le malheur
des hommes séparés
de ce qui tient debout
ce qui doit être
un tunnel une gorge saisie
d'effroi et de fumées
des mains des épaules
se hissent à nouveau
dans notre humanité
en une matière nouvelle
qui ressemble à ce mot
si fragile
d'un seul élan un seul
cette tour
s'est reconstruite
en nous.