Walter Benjamin a longtemps travaillé sur le "Jeu de deuil" (dans le drame baroque allemand -trauerspiel). J'ai l'impression d'entendre en permanence les échos terrible de ce Jeu de deuil aujourd'hui, Jeu de deuil de la vieille Europe apeurée, vide, carnassière, amnésique et dévoratrice de ses enfants. La culture fut la grande sacrifiée des vingt dernières années, pas les Musées ni les Centres culturels, non, la culture au coeur de l'homme, de la famille, des écoles, des éducateurs.
Il y eut en lieu et place, le "respect", la "règle", l'adaptabilité" mais tous ces éléments de la culture humaine ont été essentiellement des chants de guerre à la liberté et de gloire aux comportements unifiés et évaluables. L'évaluation en tant que système de croyance est devenu le nom de la défiance, de la méfiance, de la haine, du mépris et donc, de l’exécration de la culture. Elle a fait de l'éducation une somme de procédures vides de vertus.
Les lamentations, la haine, les tirs, les murs, les atermoiements de toute l'Europe, la déshérence des Partis, leurs vagues propositions, les pudeurs funestes quant aux choix à poser, les illusions perdues, les fantômes revenus, les confusions sémantiques désastreuses, tout cela fait de notre monde un trou noir dans lequel nos "pays fantômes" s'engouffrent. Terrible constat de la volatilité d'une civilisation récemment encore de la repentance et aujourd'hui de la constriction identitaire. Un désastre qui marquera les nouvelles générations, désancrée des récits des Pères, vides de représentations historiques, prêtes à la sauvagerie organisée
(re)lire Règles pour le Parc humain de Peter Sloterdijck
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