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Bras dessus, bras dessous

 

Ostende est belle sous la pluie. La mer joue le chœur d’un opéra de gaufres, de vitrines et de terrasses où l’ennui a le goût chocolat, fraise ou pistache.

 

Je me promenais à l’abri du vent, lunettes solaires et K-way pour emmitoufler la mélancolie qui me saisit la gorge dès que des vagues se font entendre. Iode ou regret d’une évasion jamais réalisée, je ne sais, mais des larmes souvent se mêlent au sable qui vole.

 

Je m’étais arrêté devant une librairie et regardais vaguement les titres de la presse quand une main saisit la mienne et une voix de femme m’invita à la suivre. « Viens, on rentre, il fait froid ».

 

Je tournai la tête vers l’inconnue et la découvris de dos, bras tendu vers moi qui cherchait ma main, le corps déjà dans le vent frontal.

 

J’hésitai un cours instant, j’allais dire « Madame, vous faites erreur, je ne suis pas celui que vous croyez… »  mais je me tus, c’était ridicule. Je me laissai donc entraîner par la main chaude.

 

La scène s’était jouée en quelques secondes et le vent, les cris sur la digue, le capuchon du K-way nous avaient confinés dans le silence.

 

Elle marchait vite, je pressai le pas, elle entrainait son compagnon, son ami, son mari peut-être et ils rentraient chez eux, ou chercheraient un restaurant, un bar,…

 

Ils avancèrent tête baissée une petite dizaine de minutes et soudain elle s’arrêta et se tourna vers moi. J’allais  reprendre mon rôle d’idiot, j’allais fuir, me confondre en excuses d’avoir abusé de ce quiproquo, de m'être laissé aller à profiter de sa chaleur…Mais je me tus et la regardai avec admiration.

 

Elle était belle, de longues boucles noires tombaient sur la peau brune de son visage. Ses yeux marrons brillaient, ses lèvres s’entrouvrirent : « C’est bien, et pourquoi pas, c’est peut-être mieux… » Elle se mit à rire en m’attirant vers elle. Je me laissais faire comme un amant sans volonté.

 

J’étais conquis. Elle piqua un baiser sur mes lèvres et souverain, le son des vagues disparut. Je serrai ses mains. Elle sourit et me dit « Viens, on mangera plus tard, l’appartement est face à la mer, je suis ici encore jusqu’à la fin du week-end. Et toi ? » 

 

Je ne répondis rien et sans un mot et nous nous sommes remis en

marche bras dessus, bras dessous.

 

Bras dessus, bras dessous
Tag(s) : #Textes
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