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Ca n'aura échappé à personne, le flic, la police par effet retour de l'attentat et de l'exécution des dessinateurs de Charlie hebdo, des policiers, des juifs, des musulmans anonymes, des AUTRES sont en passe de (re)devenir les gardiens de la paix, applaudis, fêtés, remerciés...Une sorte de retour immédiat à la Sécurité en lieu et nom de la Liberté, pour la Liberté. Cette sécurité, tellement honnie par la plupart des partis démocratiques ces quarante dernières années s'est fait rappeler à nous. Tout sera possible en son nom, n'ayons crainte.

 

A ce propos...Une femme chilienne me racontait il y a une vingtaine d'années ce qui lui était arrivé sous le régime Pinochet. Appellons-là Soledad. Elle était jeune, étudiante en sciences économiques (ce qui sous Pinochet était assez rudimentaire, elle fit tout ce qu'elle put pour émigrer par la suite et poursuivre un "MASTER" aux Pays-Bas).

 

Soledad était donc à Santiago de Chili dans les années 80, elle manifestait pour je ne sais qu'elle raison avec d'autres étudiants. Elle était jeune et fort inexpérimentée dans la pratique de la manifestation contre un régime fort, en l'occurrence, dictatorial.. Les étudiants s'étaient réfugiés dans un immeuble, sans vérifier la moindre hypothèse de fuite. Ils agitaient leurs calicots sur le toit et exprimaient leur joie de se battre.

 

La police et consorts (forces armées et brigades spéciales) encercla l'immeuble et les cueillit un à un à la sortie. Il n'y avait pas d'autre issue. Pris comme des rats. On leur mit un sac sur la tête, des menottes et ils furent emmenés en camionnette. Où? Personne ne le savait. La seule pensée qui les habitait: une balle dans la tête dans un lieu discret. La camionnette roulait...A un certain moment, me dit Soledad, la camionnette ralentit. Ils se dirent que ça y était. Panique. Cris. Pleurs. Puis elle s'est arrêtée.

 

Lentement, quelques secondes plus tard, après qu'ils eurent entendu un bruit de barrière métallique ou quelque chose du genre, la camionnette se remit en marche, très lentement. quelques mètres encore et elle s'arrêta définitivement. Les portes s'ouvrirent, c'était le moment redouté. "Certains pissaient autour de moi, murmura Soledad. On crevait de peur. On nous a fait descendre de la camionnette. On a attendu un moment là, dans le froid, sans un mot. »

 

Peu de temps après, on leur a retiré le sac qui les aveuglait, ils étaient dans la cour d'une prison.

 

"On a compris d'un coup qu'on était sauvés, on était dans une prison, donc dans l'Etat. On ne pouvait plus disparaître, comme ça, anonymement, on existait encore....".

Après une semaine, ils ont été libérés, ils avaient eu assez peur, ils savaient que la prochaine fois, serait la bonne. 

On était dans l'Etat
Tag(s) : #Articles
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