Il trottine, bras en avant, les doigts en pinces dans l'épaisseur de l'air, sur la pointe des pieds, yeux noirs et brûlants, barbe de charbon, sourire impassible, il marche de l'aube jusqu'au soir, s'affale parfois sur un trottoir, une entrée de banque, un porche, en grommelant d'une voix d'enfant qui attend le sommeil avec impatience. Il ne pleure jamais, ni ne rit, ne parle aux gens qu'il croise, ne nous regarde pas, voit ce que nous sommes peut-être, n'y trouve d'intérêt que pour tendre la main en réclamant un sou. Le boulanger lui donne chaque jour du pain qu'il jette souvent à peine sorti de la boutique, que d'autres mains vite ramassent, et il reprend sa marche en sautillant comme un lutin crasseux perdu dans l'envers du décor.