Ma seule ligne politique c'est la ligne de chemin de fer.
Citations de Albert Londres
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Ma seule ligne politique c'est la ligne de chemin de fer.
Citations de Albert Londres
Read more at http://www.dicocitations.com/auteur/2755/Albert_Londres.php#xvm5yDQMSCDqgXZi.99Derni!res nouvelles (février 2016, ce livre a reçu le Prix SCAM
Dernière nouvelmes, ce livre a reçu en février 2016 le Prix de la SCAM. Bravo!
Prix Scam de littérature, Kenan Gorgün pour Rebellion Park, éd. Vents d’ailleurs, 2014.
Dans ce roman-reportage très librement construit, Kenan Gorgun nous entraîne à sa suite en pleine occupation du parc Gezi à Istambul. Nuit après jour, au fil de rencontres, d’affrontements, d’échappées à la violence policière, il se fait le scribe d’une rébellion qui, d’écologique, s’étend rapidement à tout ceux qui contestent le pouvoir. Témoin des contradictions de la Turquie, il dénonce avec ironie et panache un régime liberticide.
"Ma seule ligne politique, c'est la ligne de chemin de fer"
Albert Londres.
Je me souvenais de cette phrase, élégante et facile, venant d'un Maître du reportage et du journalisme rapproché. Kenan Görgun est parti pendant deux ans, régulièrement à Istanbul, pour tenter le retour au pays pré-natal, dans la patrie, dans la terre des pères, la Turquie. Il a tenté ce que beaucoup rêvent de faire et ne réalisent jamais, retrouver honnêtement ( ce qui ne veut pas dire nécessairement "fidèlement") le pays des parents, un pays fantasmé qui n'existe plus. Ce sentiment d'arrachement-enracinnement construit des discours souvent paradoxaux comme habiter un pays fantôme.
Il en a découvert les accélérations pharaoniques, la corruption, l'allégeance stricte à la Phynance scrofuleuse et soudain, Taksim et cie...Les manifesations s'organisent , très vite, la logique de la violence va se déployer avec une intensité paranoïaque. De ce Chaos qu'il mate au prix de de milliers de blessés, de nombreux morts, le pouvoir semble sorti renforcé....
"Mais que donc allait-il faire dans cette galère?" (Molière, Fourberies de Scapin)
C'est ce que je me suis demandé tout un temps. Allons Kenan Görgün, rester en Belgique était une position prudente! Aller, venir, liberté de mouvement et pas de lacrymos le matin au réveil. Puis je me suis souvenu de cette phrases qu'Heiner Müller m'avait rappellée dans les années 90: "Je vis en Allemagne de l'Est, à Berlin Est, car la position inconfortable est la meilleure place pour un écrivain, le meilleur poste d'observation".
Puis, il a fallu se rendre à l'évidence: le bonhomme voulait éprouver ce qu'il en était et restait de ce fantôme du pays des pères et des mères. Ca a donné chez Kenan Görgün, le désir d'écriture d'une trilogie. L'écriture, pour la première fois en "je" biographiqe du somptueux "Anatolia Rhapsody" en constitue le premier opus, "Rebellion Park", le deuxième (ed "Vents d'ailleurs) et, parallèlement, il a publié l'opuscule "J'habite un pays fantôme" (Ed. Couleur Livres, Collection Je). Tout set dit de l'écart, du grand écart qui tend le positionnement de Kenan Görgün, son assisse est large -Belgique-Turquie-, mais ça "tire aux adducteurs" (Salman Rushdie).
Il lui fallait donc se confronter plus en profondeur encore et voilà qu'en 2013, une histoire d'arbres à défendre dans un quartier branché, les environs de la Place Taksin et la Place elle-même, représente pour une génération tout ce que le Pouvoir incarne en "trop". Ces arbres, sont la poutre dans l'oeil du système Erdogan. C'est l'excès qui fait tomber les Conducators, autant que la violence ou la Corruption. Quand cet excès gagne tout un pays démocratique, sous pression, déchiré et si difficile à "gérer" entre softs et ultras islamistes, la vérite du Pouvoir est délivrée de ses entraves. Elle se donne à nu, violemment. Que faisait donc KG pour amener sa part de vérité et de réel à ces manifestations, ces affrontements hyperviolents, et comment parler de cette jeunnesse en mouvement qui court pour ne pas tomber?
"Rebellion Park" nous répond, acte par acte, dedans et dehors l'action, dans l'émotion et la peur, comme dans l'analyse et la réflexion. Ce livre est essentiel. D'abord parce qu'il est le seul, publié en français par un écrivain belgo-turc, qui nous renseigne sur ce que la Turquie de Sire Erdogan est en train de construire. Ensuite parce qu'il est écrit comme un adieu lucide à un morceau de son histoire. Un adieu qui a besoin de la littérature pour se dire afin de ne pas se priver du suc de la mémoire et que l'oubli construit au fil des générations. Cet oubli ravaudé de souvenirs, c'est la mémoire commune et Kenan Görgun, en écrivain majeur de sa génération, tire les fils les plus subtils de ce kilim, tissu, texte...Enfin, parce que c'est aussi un document rare, puissant, haletant, émouvant, rapide comme une Rébellion qui explose et se fera écraser avant la saison touristique et les Elections à venir.
Kenan Görgün joue ici un double- rôle: écrivain et reporter. Mais la fiction de le quitte pas quand il revient au cours du texte à des entretiens fictifs avec Maître Erdogan qui se laissent lire comme de la politique-fiction. Le tout dans une écriture qui s'offre souvent l'ironie comme ultime diplomatie du style.
"Rebellion Park" est un livre qui parie sur la vitesse du temps, celle de la lecture aussi, qui fait naître alors encore plus le sentiment d'une déglingue organisée, autrement nommée, le temps du mépris.
Ed. Vents d'ailleurs, 240 pages, 19 euros.
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