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De qui et d’où ?

Xavier HUBERLAND, Je sais très bien qui vous êtes, Lamiroy, 2025, 254 p., 20 €, ISBN : 978-2-87595-973-7 

huberland je sais très bien qui vous êtes« Se muy bien quien eres… »
Cette phrase, entendue au fin fond de la Patagonie, envoya Alba, architecte de renommée mondiale, en prison. 

L’auteur et l’éditeur mettent lecteurs et lectrices en version « hitchcockienne », dès la quatrième de couverture !
Et c’est alors que Max, avocat, entre en scène, il tire le fil narratif qui se brise souvent pour se reconstituer très vite dans d’autres témoignages, principalement familiaux… Il nous raconte le trajet singulier de sa cliente Alba, tout au long d’une odyssée entre Paris, Londres et Buenos Aires. Et le nœud du mystère reste la question de la filiation, une question sans fin, désespérée autant que dynamique, mais aussi une question mortifère…

Xavier Huberland, dans ce récent roman, emmène les lecteurs de Paris à Londres, à Buenos Aires et profondément dans la Patagonie à la réputation si secrète et sauvage où nombre de héros mythiques trouvèrent refuge, souvent abrités dans les replis de ce paysage apparemment hors du temps.

Dix ans de prison et enfin libre !… Maintenant, Max, tu vas me l’expliquer cette histoire… Assez lanterné au fil de toutes ces années. Tu m’avais promis que tu me raconterais la vie d’Alba le jour de mes vingt ans. Et bien, on y est ! En plus, elle a été remise en liberté aujourd’hui…Tu parles d’une coïncidence. 

Le récit entrecroise les fils de multiples personnages que l’on retrouve par ricochets ou incidences logiques tout au long de Je sais très bien qui vous êtes.

Alba aurait donc tué sa mère… Sa fille enquête dans la trame de ce tissu familial tragique et mystérieux. Il y a un ton de roman anglais cousu de sous-entendus, de brusques révélations, de terribles découvertes dans ce récit polyphonique et battu à tous les vents des inquiétudes et des interrogations identitaires. Pour la petite histoire, on sait à quel point les recherches de filiations et d’ascendances ont la cote aujourd’hui, elles sont comme une trace, en filigrane, d’une humanité profondément désaccordée.

Cela faisait des années, vingt ans au moins, qu’Alba n’avait plus rien entendu du côté de son père, en se refusant de cuisiner sa mère dont elle doutait qu’elle lui dise la vérité. Régulièrement, un peu machinalement, elle le googlisait sans jamais rien trouvé de probant. Ça ne devait pas être un fan des écrans, lui non plus. 

La question de l’identité est sur tous les fronts aujourd’hui : dans l’édition, les réseaux, le débat, les témoignages, les procès comme si ces identités singulières,  plurielles, secrètes intimes,… s’étaient peu à peu diluées dans le global monde qui révèle, en fait, un monde fracturé d’où s’échappent des histoires de solitudes ou de fantasmes torturés d’origines.

Alba savait, sur base de bribes de conversation entendues de la bouche de sa mère lorsque cette dernière entretenait de rares contacts avec l’une ou l’autre connaissance argentine, que son père avait tout plaqué pour refaire sa vie en Patagonie, au sud du sud de l’Argentine. 

Un roman au cœur d’une des questions les plus chahutées de ce millénaire en apparente déshérence !

Daniel Simon

 

https://le-carnet-et-les-instants.net/2025/06/05/huberland-je-sais-tres-bien-qui-vous-etes/#more-82479

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