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Avec son café il prenait le temps de mordre dans l'envie de rien, une pleine bouchée de rien du tout et c'était déjà beaucoup pour commencer à vivre encore, à se soustraire au pire venu toujours de loin ; une gorgée et le velouté de la cannelle qui arrondissait l'arôme renvoyait un court instant le pire au loin.
A la deuxième gorgée, l'ouïe s'affinait, l'œil captait des détails neufs, le présent s'installait.
 
°°°
 
"Elle était passée et trépasser devint mon ordinaire. Elle repassa, sans s'attarder et, dans un souffle, lui envoyai que le fard de sa présence n'était plus une tare mais une ombre dans le brouillard du soir."
 
°°°"
 
Un livre avait révélé les lignes de démarcation et il se sentit léger, son univers venait de s'agrandir, il allait dans de vastes espaces dégagés."
 
°°°
 
Quand tu prends la parole laisse du temps pour les sourds et les corps fatigués, ils ne suivront que ce qu'ils entendent et l'intelligence des faiseurs leur est indifférente
Quand tu prends la parole, regarde autour de toi celles et ceux dont les yeux brillent en silence, c'est à elles et à eux que tu dois la rendre et t'asseoir parmi eux
Quand tu prends la parole fuis la faconde des vérités si évidentes qu'elles tombent dans les tranchées des corps privés de la volupté des sentences
Quand tu prends la parole avale ton venin à pleine gorge pour mieux comprendre le temps encore vacant dans ces corps aux silences trop sonores
Et meurs un instant avec eux, un court instant de suffocation commune est toujours nécessaire avant l'inspire qui reliera peut-être celles et ceux qui ouvrent avec toi leurs poumons méfiants et prêts à se risquer encore à accueillir un air de confiance partagée.
 
(Dessin Nicolas Coeck)
 
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