Aller sur la mer, marcher sur une planche.
Blaise Pascal
Cette phrase me trotte en tête depuis tant d'années et la planche, de plus en.plus fragile, reste le point d'appui, comme l'amour, l'amitié, la confiance,...
La mer fait trembler de plus en plus fort cette ligne presque confondue avec le liseré des gouffres, on avance en signant l'air de quelques livres, ou autres offrandes au néant, on est heureux de tenir debout sur cette crête effilée encore et encore en saluant les vagues d'un geste confiant, les yeux fermés.
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Il me revient des phrases, des fusées filant entre deux pages tournées, des encombrements lumineux qui n'attendaient que ces bruissements pour éteindre la lecture un très bref instant et, d'un coup, des myriades tombent en.moi, de souvenirs, de désirs éteints, de pulsions si vives qu'elles l"épongent presque de toute vitalité; un trou alors se forme, et j'y tombe si vivement que le texte se rallume, le livre se remet à broyer en.moi sa matière pour me distraire de cette apnée mélancolique.
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...Un roman vieillot, enfumé et chargé de coulis graisseux de belle et bonne facture, de la belle écriture, comme on dit une belle mort, sans souffrance ni chichis, ponctuelle et plate; c'était la matière première de sa mémoire, celle d'un autre siècle qui n'accordait que peu d'importance aux égratignures qui auraient voulu se faire le théâtre des déchirures; non décidément, ce n'était que ça...de belles phrases au foie malade et à l'haleine chargée.
Alors il brûla ces magots vaniteux et se remit au travail, au couteau et sans pitié fade.