Dans ce qui n’est pas dit parfois je bascule tout entier et me prends à penser à cette chose que je voudrais dire mais que le silence remplit comme un vieux seau dans la remise qui protège de l’hiver les araignées et leurs fils éperdus que je viens trancher en remisant l’outil qui m’a cassé le dos. Je range dans cet abri plus que du bois et de vieux fers, la cannelle et la sauge, des photos de femmes trop aimées, des liserons arrachés et que j’ai tressés enfant pour en faire des lassos et attraper par le cou le monde des brigands, des orphelins et des filles perdues. Dans ce qui n’est pas dit, j’entends le goutte à goutte du temps et des courages dispersés dans la civilité des paroles et des abus communs.
La pluie lave la pluie sur les vitres de ma chambre et dehors des hommes courent sans que je m’en réjouisse, ils tombent parfois frappés dans le dos d’une mauvaise nouvelle et de la nuit qui vient mais personne ne sait que celui-ci ou l’autre sous les arbres basculent depuis longtemps, que ça n’a pas arrêté cette chute commencée il y a des années quand ils avaient la force de se trahir encore dans des corps sans histoires et de lever les yeux dans un rien de colère vers la fenêtre aux rideaux bien tirés.