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La phrase vient d’un coup, « Une telle ou un tel, belle personne… » Ou quelque chose de plus court, « Elle, il est vraiment bien ». Les yeux tombent, les bouches se ferment, lèvres offertes en plateau, un geste parfois, une indiscrétion de bon aloi, un regard vers l’autre, qui n’a rien ajouté, ou peut-être « Oui, vraiment… ».

L’affaire est faite, le bien est dit, on peut passer à autre chose. Des accrocs dans le portrait, des mais, des quand même. Ca se corse, on passe aux choses sérieuses. « Entre nous…». Ca prend forme, des positions se campent, on se coupe la parole, on en remet, le portrait s’anime, plus sombre, on se réjouit, cette lumière du début éblouissait trop, on se serre dans l’ombre, on chuchote, on se frotte les mains, ça s’éteint. On passe au suivant.

 

 

Ce goût de dire du mal, de mal le dire pour que le mal explose en pire, en mal secret sous le mal exposé, mal léthargique, mal infirme, mal inconnu dont sous sommes les gardiens aux flambeaux.

Dire du mal, une délectation, une offrande à la joie des pleutres, dire du mal, offenser et s’offenser de cette offense mal dite que l’on nous retournerait, ah, dire du mal, s’en pourlécher les ouïes et se l’entendre dire, du plus profond d’une sincérité de fil à plomb, dire ce mal qui surgit tout à coup comme un coup vengeur et se le jeter ensuite sur les épaules comme un vieux manteau, une dépouille sanglante, se le fourrer dans l’âme, se contrefaire pour en remettre et en remettre encore, dire du mal dans l’extase des lâches, dire du mal et s’en aller en douce pour dire du bien, peut-être, un peu plus loin, dans le même enthousiasme.

 

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