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Pour Jacqueline,

 

La cave, la cave, la cave, elle me parlait toujours de la cave où elle descendait ; la cave était un endroit sombre et humide comme la plupart des caves de campagne mais c'était l’endroit de la maison qu'elle préférait : une grenouille avait élu sa cave comme terrier, disait-elle

 

Alors je riais, un  terrier, un terrier, quelle idée pour un batracien…Mais elle disait non non non non non , la grenouille est là, elle est si belle et et je n'ai pas envie de la surprendre alors c'est elle qui me surprend chaque fois, quand je descends, elle saute d'un coup dans le puisard et moi et moi j'ai tellement envie de l'aider à sortir mais, mais je ne vois pas comment elle est entrée, alors comment pourrait-elle en sortir, le soupirail est fermé, bouché, aveugle, pas possible par là….

 

Un jour, elle décida de disposer une bassine remplie d'eau de pluie sur le sol, tout près du terrier bien-nommé, et puis deux, trois, la cave était parsemée de bassines mais toujours rien, la grenouille sautait puis retournait à son  puisard. Il fallait l’attirer autrement pour éviter que cette sacrée grenouille ne la nargue.

 

De bassine en bassine, la grenouille se construisait un chemin, elle plongeait, la regardait, puis disparaissait. Mon amie allait de plus en plus souvent la retrouver et je me demandais si, comme dans les contes, il n’y avait pas une affection particulière, quelque chose comme… vous voyez ce que je veux dire… une sorte d’attraction entre la grenouille et elle, car cette grenouille avait pris de plus en plus d’importance, c’était, c’était, c’était comme si on entendait de loin la chanson du prince charmant, mais c’était pas possible, on n’était pas dans un  conte mais dans une cave !

 

Finalement, elle ferma la porte et laissa la grenouille en paix, mais elle n’en dormait plus, se rongeait les sangs et perdait ses tuyaux, comme elle disait, comment faire pour la libérer ? Des amis lui suggérèrent de creuser un tunnel en dessous du mur du jardin mais des maçons la mirent en garde : la maison qui tenait à peine debout aurait pu s’effondrer ! 

 

Elle prit donc son mal en patience et se mit à collectionner des grenouilles de toutes sortes : des statuettes, des petits objets les plus ridicules les uns que les autres…

 

Un matin, elle se réveilla, la grenouille au pied de son lit. La belle la regardait en coassant, des larmes coulaient le long de ses bajoues et brusquement, elle fit un bond vers la sortie profitant de la porte ouverte. Elle disparut dans un grand rire et on ne la revit jamais.

 

 

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