Un jour la mule rue et son bardas s'écroule et roule dans le fossé, elle frissonne et secoue sa crinière au vent, elle tremble un peu sur ses pattes qui se prennent soudain pour des jambes prêtes au galop, mais non, elle marche en humant l'air de ses naseaux tout neufs, elle va, loin des ornières et des cailloux dispersés sur les chemins par les hommes les soirs de grande ivresse et de vomissures collectives, elle trottine maintenant vers la lisière ou le précipice, indifférente aux derniers bruits qu'elle mêle à l'écho de ses sabots; le monde qu'elle laisse derrière elle ne la chargera plus et dans un dernier souffle elle lancera son corps dans l'ombre des grands arbres.