Un soir, un cheval flânant sous les branches basses qui bordaient la prairie, aperçut dans la brume qui flottait sur les fumures, une mule, belle et fringante qui trottinait sur le chemin. Sans bardas ni paniers sur le dos, sa croupe roulait au rythme des sabots. C'était comme une sonnaille heureuse dans un paysage brouillé de glacis fragiles. Elle battait les cailloux du chemin en une vigueur qui éveilla l'intérêt de l'étalon. Ses naseaux frémirent à la vue de cette belle stérile. Il secoua sa crinière et la mule s'arrêta, remuant la queue et les oreilles, signifiant ainsi un intérêt si vif pour le cheval que celui-ci galopa vers elle en hennissant dans le brouillard épais. Ils se reniflèrent un long moment et soudain la saillie eut lieu, longue et puissante comme un navire qui lance ses machines pour fendre la mer, ça allait et venait dans des ruades et des grondements profonds. Enfin, la mule, s'éloignant du ventre tendu, s'ébroua, ravie, tandis que le cheval penaud se mit à brouter l'herbe qu'ils venaient de piétiner dans la nuit tombante.
La mule/2