Des hommes, des femmes, il y en eût tant autour de la table le soir, et le matin s'enluminait de ce qu'ils laissaient dans la nuit. Ca se décomposait lentement dans le sommeil et rejoignait par fragments la mémoire endormie comme un chat sur un meuble silencieux se réveille le matin et s'ébroue des derniers brouillards de l'engourdissement.
Le temps a passé, la table est toujours là, la nuit demeure plus silencieuse. Beaucoup s'en sont allés achever leur promenade dans des landes lointaines.
Ecrire et les voici, deux phrases, un mot, surgis du calme paysage de l'oubli. Un chagrin parfois, la cicatrice d'une trahison, d'une honte, d'un amour si discret qu'il ne fut jamais nommé, des bruits, des fugues, des bleuets au seuil des forêts.