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La colonie pénitentiaire de Kafka  me revient souvent en tête. Cette machine aux mille lames qui descend dans la chair du condamné et grave dans le corps du supplicié le texte de la loi est l'ultime façon "de se faire comprendre" quand on doit garantir l'exécution de la Loi. Surveiller et punir deviendrait chez lui, enregistrer et mourir, ou enregistrer, c'est mourir. Autrement dit, quand la loi est entièrement appliquée, elle devient mortifère, nous survivons grâce à cette marge "hors-la-loi", si minime soit-elle, que chacun s'accorde chaque jour, pour rester vivant.

Le retour en force de la peine de mort, comme moteur de la logique des révolutions (du gingembre, du jasmin, des orties, peu importe, c'était des amuse-gueules de petits blancs en manque de rêveries dysnéennes,comme si les "oeillets" portugais repoussaient sans cesse... Le Burundi récemment, où des journalistes n'ont pas pu s'empêcher de replonger dans les clichés avant le retournement attendu, parlaient déjà de "revolution des oeillets à la burundaise". On croit rêver devant tant d'obscène naïveté.) 

La question qui se pose, semble-t-il, c'est que le temps et la nécessité de l'Agora ont définitivement disparu. Le temps politique mais surtout médiatique est trop rapide pour la démocratie et la la Justice également est en panne de temps, de crédibilité. Donc, dans l'urgence et "l'efficience", appelons le responsable des "sommets", le Bourreau.

J'évoque, le "sommet" en référence à Camus qui rappelait que la Justice ne tenait que par la présence en son faîte, du bourreau. Puis un Bourreau, c'est quand même plus démocratique comme résultat que d'interminables procès où les intérêts seront renversés dans le laps. Et le retour du bourreau , c'est aussi le signe d'une certaine "stabilité de l'Etat", une force, un gage populaire d'exécution de la Justice....

Le Chant du bourreau, est un des meilleurs livres de Norman Mailer sur l'Amérique profonde, puritaine, mormonne, et le personnage de Gilmore (qui choisit d'être exécuté), un des personnages fort de la mythologiqie littéraire américaine. Ce choix va au-delà de la sentence et le Boureau est pris au dépourvu en quelque sorte, tant le prisonnier dépasse sa part de contrat, dans une liberté tragique retrouvée. 

Le Bourreau n'est pas une figure tragique, mais une figure sale, obscène, répulsive qui ne s'occupe que des "basses oeuvres". En reconvoquant le Bourreau, l'Etat se lave les mains des interminables soubressauts d'une Justice en panne et confie à un exécutant sans honneur la charge de la clôture des débats et la mise à plat des attendus.

L'entourloupe est patente mais la démocratie aime les iullusionnistes et le Bourreau fait tomber à la trappe des débats où le mêlement du religieux, du politique, des règlements de comptes étatiques et, surtout l'obsession de la préocupation sécuritaire, sont les vrais piliers de ce temps.

Le Chant du Bourreau
Le Chant du Bourreau
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