Daniel SIMON, La troisième nuit, Lansman, 2022, 40 p., 10 €, ISBN : 978-2-8071-0357-3
Un homme vit reclus dans sa cave de 10m2. Par le soupirail, il observe la vie d’en haut et note, dans un carnet, des bribes de ce qu’il s’y passe : la belle Madame Hirondelle avec ses talons, le gamin qui court et tombe souvent, cette autre dame avec toute sa marmaille… Il est le scribe du soupirail. Il mange peu et se nourrit exclusivement de denrées qu’il trouve dans les poubelles, au pied des immeubles ou à côté des grandes surfaces. La nuit, il marmonne et pense à sa famille qu’il avait encore, il n’y a pas si longtemps.
Le deuxième jour, une jeune fille pleine de vie débarque dans sa tanière. Il semble surpris de sa présence, pourtant c’est comme s’ils se connaissaient. Qui est-elle ? Elle commence à préparer la tambouille avec lui : des bonnes frites bien fraiches, le repas des « crève-la-faim ». Elle lui parle de sa mère et de son manque d’empathie, de son père qui lui a appris à couper les pommes de terre, de son chagrin… Elle disserte beaucoup. Lui est plus taciturne et ne manque pas une occasion pour prendre des notes dans son calepin. À la nuit tombée, elle part faire les poubelles à sa place. Mais la nuit amène avec elle son flot de fripouilles. Quel lien rassemble ce vieil homme et cette jeune fille ? Pourquoi vit-il une vie par procuration ? Va-t-il un jour refaire surface ? Des ailes vont-elles lui pousser ?
La pièce se déroule sur trois jours et trois nuits. Le titre – La troisième nuit – suscite notre intérêt et attente dès le début du texte. Que va-t-il se passer lors de cette troisième nuit ? On se doute qu’une résolution y figurera. Daniel Simon, qui écrit et édite de la poésie et du théâtre depuis 35 ans – dont de nombreuses pièces chez Lansman –, propose un texte doux et sensible qui scrute et révèle les âmes humaines.
Émilie Gäbele
https://le-carnet-et-les-instants.net/2022/12/07/simon-la-troisieme-nuit/
et ceci le 12 décembre...Merci Willy Lefèvre
Dès la première lecture de la trentaine de page de cette pièce de Daniel Simon, l’imagination du lecteur s‘emballe…
Quoiqu’ait imaginé l’auteur, une animation lancinante hante l’esprit…
Jour, contre-jour, les ombres se meuvent. Grandissent. Se parlent.
Le vieux matou rabougri s’étend, se gratte, renifle ses 10m2
Le spectateur entend le gamin qui court sur le trottoir, les poubelles qui cognent, le crissement de la craie sur les murs…
Nous sommes plongés dans le monde des rats.
Soupirail kaléidoscope d’un monde qui se fout des fragiles, des exclus.
L’acteur marmonne…
Dehors la ville s’anime.
Et quand soudain la porte de la cave-cuisine s’ouvre…
Éclaboussures de bruits du dehors.
Et c’est l’apparition. Sainte Cruste fait son entrée.
Elle a la patate !
Un jeu de chat et de souris.
Dans la casserole, lapin pruneaux…date limite aujourd’hui !
Trois jours dans la vie d’un reclus pour qui l’arrivée de la jeune femme va…
Mais chut…
J’imagine déjà la petite troupe du Théâtre de la Flûte enchantée s’agiter…
J’ai lu cette pièce en étant calé dans l’un de leurs vieux fauteuils craquant au moindre mouvement.
Mais place au spectacle !
La troisième nuit…*À la sortie, ce sera un « Mayo, samouraï, moutarde »
Et vous ?