Avez-vous lu "Positions pour la lecture" de Daniel Simon Editions Traverse ? (https://le-carnet-et-les-instants.net/…/simon-positions-po…/).
Un petit texte en réponse, en accompagnement, en variations, diront certains.
Le recueil
Je le laisse là, lisse alors, lu encore, relu parfois, déposé, posé, près de l’envol ou du retour à l’étagère. Mais non ! il reste immobile à me regarder, tranquille, poussiéreux, parfois, présent toujours, sur la table de chevet - table de nuit qui n’est que table de jour. Il m’a dit au regard, il a parlé comme une âme ouverte, il a murmuré son bruit léger de papier froissinné, foisonné, de papier froufrouté, de papier de page tournée, reprise, retournée, empruntée puis rendue au silence. Le silence du regard d’éternité qui accompagne la lecture. Parfois à haute voix pourtant, lus et tendus, les textes s’y reposent, posés, déposés, en attente, en voyage immobile. Parfois interprétés, joués, fondamentalement vécus, pour leur sens, les sons, leur essence ou leur vibration. Sans réelle existence parce que si légers, ou tout en teneur forte, puissante, en lourdeur épuisante, les mots s’alignent, se pressent, s’empressent à disparaître pour mieux renaître une autre fois, un autre jour, un jour ou l’autre, quand l’effort de dévoiler la main l’emporte sur l’inertie des yeux.
Le texte, le livre, le poème, l’objet lui-même qu’est le recueil – qui a recueilli – Daniel ne parlait-il pas de cueillir ? – cet objet brille dans un soulèvement de poussière venteuse à l’ouverture de la fenêtre qui ouvre le jour dans la chambre. La table de chevet de jour de nuit s’anime d’une vie renouvelée, recommencée, rapatriée. Pour relire une fois encore le texte qui se veut poème, ou poésie, ou vers – qu’en savons-nous ? – qu’importe le nom énoncé – dans l’élan qui brise les chevelures emportées aux grands vents.
Tristan Alleman
Merci cher Tristan!