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Sur mon ancien Blog, en ...2013.
Ce qui équivaut aujourd'hui à une forme de temps ancien...

 

Il ne s’agirait pas de voir l’ennemi en l’autre (ce qui est très mal porté en ces temps de coutures apprêtées) mais plutôt dans ce qu’il y a de plus pacifié en soi.

La part d‘éduqué en nous, celle que nous nommions  l’évolué (1) face à l’indigène dans le Congo ex-colonial, consiste en un résidu humaniste qui a survécu dans une socio-culture de l’abondance (négationniste par le lissage, le nivellement, l’évitement, la réconciliation, la dégradation, l’égalitarisme des dénis, le rabotage des perspectives, le

, le résumé, l’exotisme, …).

L’éduqué  aime les choses culturelles, les événements, les pèlerinages muséaux, la littérature du consentement, l’écologie des arts et la joie des savoirs anciens.L ‘éduqué ne sait rien du monde et il en connaît pourtant de si belles images.

C’était l’objet de son éducation. Il rêve le monde dans des ritournelles de lieux communs et des salmigondis de vérités éternelles, il chasse l’autre dans le bien systématique de son aveuglement tolérant. L’éduqué est bas et veule, parce que l’éduqué a oublié qui il était.

Cet éduqué, au fil des ans, a détruit de mille façons les aspérités, les angles, les arrêtes, les impasse, l’objection, la salissure et la fermentation, … Il a simplifié dans l’évitement de la complexité, il a ignoré les exigences de l’Histoire dans son obsession du bonheur dans la liberté.

L’art a été dévalué au bénéfice de la culture sous-alimentée par assujettissement et aides variables. L’éduqué a du monde une vision simple. Elle renvoie aux illusions qu’il prend pour morale. A ses espoirs, ses croyances et intérêts. L’éduqué sait aussi qu’il va sombrer bientôt. Il n’a pas de point d’appui.

 

 

La joie des éduqués

 

La pluie tombe souvent, de longues périodes durant, puis, le gris du ciel et parfois le soleil. Puis la pluie. La morosité coule le long des vitres et on regarde la rue le cœur vide. Ca va comme ça, ça se passait comme ça, ça aurait pu se passer autrement, et on le sait, mais ça se passe comme ça, en glissement interminables.

 

C’est aux éduqués que la tâche a été confiée. On n’est touchés chez eux par rien de particulier si ce n’est la caducité de leur regard, leur surdité chantante, la commodité avec laquelle ils oublient ce qu’ils ont prononcé la veille.

 

On ne leur connait rien de précieux ni de particulier,  ils sont la brume sur la plaine, l’écume des vagues, ils sont volatiles et légers,  ils répandent autour d’eux une sorte de coulis de merveilles un peu sales, habitués au vide et au contentement. Ils ont des idées puissantes, des phrases, des mots, des bijoux parfois, leur cœur n’est transporté de rien et leur savoir tourbillonne dans des espaces étriqués. Ignorants de tout dans l’appétit sans faim des enfants fatigués, leur désir de croître s’est à peu éteint dans un besoin d’apparaître vif et sans quartiers qui les jette sur la scène de sages simagrées.

 

Les éduqués ont pour les choses communes des idées sans mesure, ils peuvent s’émouvoir de tout et de rien, ignorer ce qu’ils glorifient soudain,  tendus vers un azur où chacun cherche sa place dans l’ascenseur général.

 

Ils aiment les visions partagées et sortent éblouis des lieux où ils se rassemblent, dans le sépulcre des inanimés et des inertes, dans la vaste cité des musées et des choses aimables, ils aiment vivre ensemble ces joies de passage entre deux occupations nécessaires.

 

De la même façon, ils se réjouissent en famille dans des embrassades dominicales, bercés de contes, de légendes et d’histoires sans apprêts qui font office de rites sans dangers. Ils s’abreuvent à des calices emplis de vertus anciennes qu’ils rêvent au présent tant leur avenir les plonge en toute naïveté dans les effrois et les ténèbres.

 DS, août 2013

(à suivre)

(1) Blancs, Noirs, Evolués:fichier pdf article_mots_0243-6450_1982_num_5_1_1073 (1)

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