"-Mais que voulez-vous faire dans le mur? Cette pauvre limite de notre monde? me demanda mon médecin. Vous y vivez par procuration depuis si longtemps..."
J'ai vieilli et la mort doit bien se loger quelque part: pelouse, fosse, mur, feu,...J'ai longtemps pensé, cru plutôt, que le tombeau des livres protégeait de la déflagration de la disparition, mais ce temps est révolu, j'ai vu les escarbilles de la littérature voleter dans le brouillard.
Je me devais d'y aller à nouveau dans ce mur, où j'ai vécu replié le temps de mon enfance et de mon adolescence. La zone était dangereuse, violente et bouffie d'injustice. Alors murmurer, cauchemarder, mourir mille morts, et se nourrir des lamentations de la tribu, non, j'avais mieux à faire, cartographier cette part de mur où j'allais et venais en me moquant secrètement de celles et ceux qui caquetaient dans leur marche vers ses premières zones d'ombre.
Cette pensée me vint alors que je sentais le monde s'éloigner et ses tragédies ne plus m'émouvoir autant que les coups de feu de la racaille de mon quartier. Un peu de sagesse enfin, plutôt que ces émois devant les massacres de toutes origines dans une langue d'indignations de locataires grignotant ses affaires en rêvant de justice lointaine...."
Dans le mur 5