C'est quoi une vie ?
Un sac que l'on porte sur son dos, que l'on dépose parfois, pour l'ouvrir à tâtons et y plonger la main et saisir un objet soudain trop pesant ? Sommes-nous un secret en marche et la métaphore du sac, éternelle et pesante métaphore, une simple distraction de l’existence qui nous fait jouer à être tantôt le fardeau et tantôt celle ou celui qui le porte ?
La littérature, le récit, la voie signée par la voix, font de ce questionnement un bien commun plus qu’une crispation individuelle. Martine Rouhart le sait, l’écrit, le déplie avec talent dans son dernier roman en date « Les fantôme de Théodore ».
Résumer un livre est souvent une façon d’échapper l’exercice léger de la critique. Donc, un père, Théodore, vivant un amour joyeux de la vie avec sa fille Charlie, disparaît soudain du radar.
Et la boîte de Pandore commence à s’ouvrir dans la narration séquencée et datée du point de vue de chacun, une façon de traiter la compression du temps romanesque chez l’auteure.
Le roman opère le dévoilement d’un personnage entravé qui se délivre page à page et révèle ce qui nous apparaît de plus en plus comme une préoccupation essentielle : l’engagement dans une relation exigeante avec l’autre, le petit homme dénié du temps, Kamal, l’homme sans papiers.
Théodore se révèle comme un personnage revigorant qui ne triche plus, se reconstitue dans ce qui devrait nous fonder et qui se nomme de façon si disparate aujourd’hui : compassion, empathie, solidarité, humanité…
L’écriture de Martine Rouhart semble peindre parfois à l’aquarelle et soudain, une gravure à l’eau forte nous confirme encore le talent subtil de la romancière-poète, Martine Rouhart.
Auteur : Martine ROUHART, Les fantômes de Théodore, roman, éditions Murmure des Soirs, ISBN 978-2-9306-5760-8 - 116 pages * 16 euros