Ephémérides du Confinement/19
Pour Jacques De Decker,
Peut-être à cause de cette habitude de noter les jours pour effacer des nuits sans nom, peut-être à cause de cette manducation qui ne nous lâche pas, du papier, du vent, des vives palpitations du monde dans la géographie d'une vie, des choses invisibles et trop pesantes soudain, de cette matière funeste qui nous assiège d'un coup et tout entier; peut-être à cause de cela et des secrets que les hommes écrivent dans des carnets introuvables, peut-être est-ce le silence qui nous rassasie lentement, grain à grain, le sablier se vide tout au fond du gosier, jusqu'au plus infime endroit de la parole, dans le dernier terrier du souffle où le coeur s'abritait.